Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome III.djvu/177

Cette page n’a pas encore été corrigée


La bienveillance est le désir de faire du bien à celui qui nous inspire de la pitié. (Voy. le Schol. de la Propos. 27, partie 3.).


DÉFINITION XXXVI

La colère est le désir qui nous excite à faire du mal à celui que nous haïssons (Voy. le Schol. de la Propos. 39.).


DÉFINITION XXXVII

La vengeance est ce désir qui nous excite par une haine réciproque à faire du mal à celui qui nous a causé quelque dommage. (Voy. le Corollaire 2 de la Propos. 40, partie 3, avec son Scholie.).


DÉFINITION XXXVIII

La cruauté ou férocité est ce désir qui nous porte à faire du mal à celui que nous aimons et qui nous inspire de la pitié.

Explication : A la cruauté on oppose la clémence, qui n’est point une affection passive de l’âme, mais la puissance par laquelle l’homme modère sa haine et sa vengeance.


DÉFINITION XXXIX

La crainte est un désir d’éviter par un moindre mal un mal plus grand que nous redoutons. (Voyez le Scholie de la propos. 39, partie 3.).


DÉFINITION XL

L’audace est ce désir qui porte un homme à braver, pour accomplir une action, un danger redouté par ses égaux.


DÉFINITION XLI

La pusillanimité consiste en ce que le désir d’un homme est surmonté en lui par la crainte d’un danger que ses égaux osent braver.

Explication : La pusillanimité n’est donc que la crainte d’un mal qui généralement n’est pas redouté. C’est pourquoi je ne rapporte pas cette passion au désir. J’ai pourtant voulu l’expliquer ici, parce qu’elle est opposée, en tant qu’on a égard au désir, à la passion de l’audace.


DÉFINITION XLII

La consternation est la passion de celui chez qui le désir d’éviter un mal est empêché par l’étonnement où le jette le mal qu’il redoute.

Explication : La consternation est donc une espèce de pusillanimité. Mais comme la consternation naît d’une double crainte, on peut la définir plus convenablement : cette crainte qui enchaîne un homme stupéfait ou troublé à ce point qu’il ne