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priété de l’amant de vouloir s’unir à l’objet aimé, je n’entends pas par ce vouloir un consentement de l’âme, une détermination délibérée, une libre décision enfin (car tout cela est fantastique, comme je l’ai démontré Propos. 68, part. 2) ; je n’entends pas non plus le désir de s’unir à l’objet aimé quand il est absent, ou de continuer à jouir de sa présence quand il est devant nous ; car l’amour peut se concevoir abstraction faite de ce désir. J’entends par ce vouloir la paix intérieure de l’amant en présence de l’objet aimé, laquelle ajoute à sa joie, ou du moins lui donne un aliment.


DÉFINITION VII

La haine, c’est la tristesse avec l’idée de sa cause extérieure.

Explication : Les remarques à faire sur la haine résultent assez clairement de celles qui précèdent sur l’amour. (Voy. en outre le Schol, de la Propos. 11, part, 3.).


DÉFINITION VIII

L’inclination est un sentiment de joie accompagné de l’idée d’un objet qui est pour nous une cause accidentelle de joie.


DÉFINITION IX

L’aversion est un sentiment de tristesse accompagné de l’idée d’un objet qui est pour nous une cause accidentelle de tristesse. (Voy. sur ces deux passions le Schol. de la Propos. 15, partie 3.).


DÉFINITION X

La dévotion, c’est l’amour d’un objet qu’on admire.

Explication : Nous avons montré dans la Propos 52, partie 3, que l’admiration naît de la nouveauté des choses. Si donc il nous arrive d’imaginer souvent un objet que nous admirons, nous cesserons de l’admirer. Ce qui fait voir que la passion de la dévotion dégénère aisément en simple amour.


DÉFINITION XI

La dérision est un sentiment de joie qui provient de ce que nous imaginons dans un objet détesté quelque chose qui nous inspire du mépris.

Explication : En tant que nous méprisons un objet détesté, nous en nions l’existence (voir le Schol. de la Propos. 52, partie 3), et partant nous éprouvons de la joie (par la Propos. 20, partie 3). Mais comme on suppose ici que l’objet de