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certain que l’on donnait de nouveaux noms aux Juifs qui fréquentaient la cour. Ainsi Daniel fut nommé Baltesasar, Zorobabel Sesbazar (voyez Daniel, chap. t, vers. 1 ; Hezras, chap. v, vers. 14) ; et Néhémias Hatirzata et en vertu de leur charge ils se faisaient appeler du titre de gouverneur ou président (voyez Nékémias, chap. v, vers. 24, et chap. XII, vers. 26).


Note XXV (page 199 de la traduction). — Avant le temps des Machabées, il n’y a point eu de canon des livres saints.

Ce qu’on appelle la grande synagogue ne commença qu’après la soumission de l’Asie à la domination macédonienne. Quant à l’opinion de Maimonide, de R. Abraham, de Ben-David et de quelques autres qui soutiennent que les présidents de cette synagogue étaient Hezras, Daniel, Néhémias, Aggée, Zacharie etc., ce n’est li qu’une pure fiction, qui n’est fondée que sur la tradition des rabbins. Ceux-ci prétendent en effet que la domination des Perses ne dura que trente-quatre ans, et ils n’ont pas de meilleure raison à donner que celle-là pour soutenir que les décrets de cette grande synagogue ou de ce synode (lesquels étaient rejetés par les saducéens et admis par les pharisiens) ont été faits par des prophètes qui les avaient recueillis de la bouche des prophètes antérieurs, et ainsi jusqu’à Moïse, qui les tenait de Dieu même. Telle est la doctrine que soutiennent les pharisiens avec cette obstination qui leur est ordinaire ; mais les personnes éclairées, qui savent pourquoi s’assemblent les conciles ou les synodes et n’ignorent pas les différends des pharisiens et des saducéens, pement aisément pénétrer les causes qui amenèrent la convocation de cette grande synagogue. Ce qui est bien certain, c’est qu’aucun prophète n’y fut présent et que ces décrets des pharisiens, qu’ils appellent leurs traditions, tirent de cette synagogue toute leur autorité.


CHAPITRE XI.


Note XXVI (page 201 de la traduction). — Ces expressions de Paul « Nous pensons donc. »

Les interprètes de l’Écriture sainte traduisent logizomai par je conclus et soutiennent que Paul prend ce mot dans le même sens que sullogizomai. Mais logizomai, en grec, a la mémo signification que les mots hébreux qu’on peut traduire par estimer, penser, juger ; signification qui est en parfait accord aeele texte syriaque. La version syriaque en effet (si c’est une version, ce qui est fort douteux, puisque nous ne connaissons ni le temps où elle parut, ni le traducteur, et puisqu’en outre la langue syriaque était la langue ordinaire de tous les apôtres), la version syriaque, dis-je, traduit ce texte de Paul par un mot que Trémellius explique fort bien dans ce sens Nous pensons donc. En effet, le mot rahgwn, qui est formé de ce verbe, signifie l’opinion, la pensée ; et comme tahgava se prend pour la volonté, il s’ensuit que