très-usitée dans la langue hébraïque) pour marquer le genre féminin, bien que les anciens n’eussent accoutumé de distinguer le féminin d’avec le masculin que par les voyelles. Je ferai remarquer encore que les temps irréguliers de certains verbes ne sont pas les mêmes chez les anciens et chez les modernes, que c’était chez les anciens un trait d’élégance d’employer souvent certaines lettres douces pour l’oreille ; en un mot, il me serait aisé de multiplier les preuves de ce genre, si je ne craignais d’abuser de la patience du lecteur.
On me demandera peut-être d’où j’ai appris toutes ces particularités. Je réponds que je les ai trouvées dans les plus anciens écrivains hébreux, dans la Bible elle-même ; et il ne faut point s’étonner que les modernes Hébreux n’aient point cherché à imiter sur certains points les anciens, puisqu’il arrive dans toutes les langues, même dans celles qui sont mortes depuis longtemps, qu’on distingue fort bien les mots du premier âge de ceux qui sont plus récents.
On pourrait encore me demander comment il se fait, s’il est vrai, comme je le soutiens, que la plupart des notes marginales de la Bible soient des leçons douteuses, qu’il n’y ait jamais pour un passage que deux leçons (la textuelle et la marginale), et non pas trois ou un plus grand nombre ; et aussi, comment il arrive que les scribes aient pu hésiter entre deux leçons, lorsque la leçon textuelle est évidemment contraire à la grammaire, et que la marginale est une rectification légitime. Je n’éprouve aucun embarras à répondre à ces deux questions : je dirai premièrement qu’il est très-certain qu’il a existé un plus grand nombre de leçons que celles que nous trouvons actuellement marquées dans nos exemplaires. Par exemple, on en trouve plusieurs dans le Talmud que les Massorètes ont négligées, et qui sont si différentes les unes des autres que le superstitieux correcteur de la Bible de Bombergue a été obligé de convenir dans la préface qu’il ne saurait comment les mettre d'ac-