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CHAPITRE IX


ON FAIT QUELQUES AUTRES RECHERCHES TOUCHANT LES MÊMES LIVRES, POUR SAVOIR NOTAMMENT SI HEZRAS Y A MIS LA DERNIÈRE MAIN, ET SI LES NOTES MARGINALES QU’ON TROUVE SUR LES MANUSCRITS HÉBREUX ÉTAIENT DES LEÇONS DIFFÉRENTES.


On ne peut douter que les recherches auxquelles nous venons de nous livrer sur le véritable auteur de plusieurs livres de la Bible ne soient d’un très-grand secours à quiconque les veut entendre parfaitement. Qu’on examine en effet les passages que nous avons cités pour établir notre opinion, et l’on reconnaîtra qu’elle seule en peut donner la clef. Mais ce n’est pas tout, et pour bien connaître les livres dont il s’agit, on doit noter encore beaucoup d’autres circonstances sur lesquelles la superstition ferme les yeux au vulgaire. La principale, c’est qu’Hezras (qui reste pour moi l’auteur de ces livres jusqu’à ce qu’on en désigne un autre à de meilleurs titres), Hezras, dis-je, n’a pas mis la dernière main à son ouvrage, et s’est borné à emprunter à divers auteurs des récits historiques qu’il a simplement enregistrés le plus souvent sans les examiner ni les mettre en ordre. Qu’est-ce qui a pu l’empêcher de revoir et d’accomplir ce travail, je ne puis le dire, à moins d’admettre que ç’a été une mort soudaine et prématurée. Mais toujours est-il que le fait est certain, et qu’il résulte évidemment du petit nombre de fragments que nous avons encore des anciens historiens hébreux. Ainsi l’histoire d’Hiskias, à partir du vers. 17 du ch. XVIII du livre II des Rois, a été calquée sur la relation d’Isaïe telle qu’on dut la trouver dans la Chronique des rois de Juda ; la preuve, c’est que nous rencontrons cette relation tout entière dans le livre d’Isaïe, lequel faisait partie de cette chronique (voyez Paralip., liv. II, chap. XXXII, avant-dernier verset) ; et nous l’y rencontrons conçue exactement dans les mêmes termes que celle des Rois, à