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qu’à un certain point indépendante ? s’ensuit-il que l’âme humaine, qui se sent une et vivante, soit une pure collection de modes, et ne possède que cette existence abstraite et diffuse, seule concevable dans une collection ?

Il est clair que toute la puissance déductive de Spinoza est incapable d’aller jusque-là. Je reviens donc toujours à cette conclusion : Spinoza ne démontre pas sa doctrine, il la développe.

IV


de la nature de dieu.


De l’Étendue divine. — De la Pensée divine. — De la Liberté divine.


Dieu, c’est la Substance : en d’autres termes, l’Être en soi et par soi, l’Être parfait.

L’Être parfait est nécessairement infini[1] ; car d’abord, à titre de substance unique, rien n’existe en dehors de lui qui le puisse limiter[2] et, de plus, il est de la nature de la Substance, de l’Être véritable, de posséder l’infinité.[3]. Le fini, en effet, n’étant au fond que la négation partielle de l’existence d’une nature donnée, et l’infini l’absolue affirmation de cette existence, de cela seul que la Substance existe, il s’ensuit qu’elle doit être infini[4]. La substance infinie possède nécessairement une infinité

  1. Éthique, de Dieu, Propos. 8.
  2. Ibid., Propos. 15.
  3. Ibid., Démonstr. de la Propos. 8.
  4. Ibid., Schol. 1 de la Propos. 8.