Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome I.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

homme savant, d’un bon naturel et d’une vie exemplaire ; ce qui donnait occasion à Spinoza d’en faire l’éloge. Il allait même quelquefois l’entendre prêcher, et faisait état surtout de la manière savante dont il expliquait l’Écriture et des applications solides qu’il en faisait. Il avertissait en même temps son hôte et ceux de la maison de ne manquer jamais aucune prédication d’un si habile homme. Il arriva que son hôtesse lui demanda un jour si c’était son sentiment qu’elle pût être sauvée dans la religion dont elle faisait profession ; à quoi il répondit : « Votre religion est bonne ; vous n’en devez pas chercher d’autre ni douter que vous n’y fassiez votre salut, pourvu qu’en vous attachant à la piété, vous meniez en même temps une vie paisible et tranquille. »

« Pendant qu’il était au logis, il n’était incommode à personne ; il y passait la meilleure partie de son temps tranquillement dans sa chambre. Lorsqu’il lui arrivait de se trouver fatigué, pour s’être trop attaché à la méditation philosophique, il descendait pour se délasser, et parler à ceux du logis de tout ce qui pouvait servir de matière à un entretien ordinaire, même de bagatelles. Il se divertissait aussi quelquefois à fumer une pipe de tabac ; ou bien, lorsqu’il voulait se relâcher l’esprit un peu plus longtemps, il cherchait des araignées qu’il faisait lutter ensemble, et des mouches qu’il jetait dans la toile d’araignée, et regardait ensuite cette bataille avec tant de plaisir qu’il éclatait quelquefois de rire ; il observait aussi avec le microscope les différentes parties des plus petits insectes, d’où il tirait après les conséquences qui lui semblaient le mieux convenir à ses découvertes. »

Voilà l’homme que vinrent chercher, au milieu de sa