Page:Œuvres de Spinoza, trad. Appuhn, tome I.djvu/323

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venir peut nous revenir, alors que nous ne sommes plus attentifs aux raisons dont nous l’avons déduit et que nous les avons oubliées. C’est pourquoi, bien que l’existence de Dieu soit connue non par elle-même mais par autre chose, nous pourrons parvenir cependant à une connaissance certaine de l’existence de Dieu, pourvu que nous fassions la plus grands attention à toutes les prémisses d’où nous la concluons. Voir Principes, partie I, article 13, et réponse aux deuxièmes objections, n° 3 et la fin de la cinquième Méditation. Comme cette réponse toutefois ne satisfait pas tout le monde, j’en donnerai une autre. Nous avons vu plus haut, quand nous parlions de la certitude et de l’évidence de notre existence, qu’elle se conclut de ce que, de quelque côté que nous dirigions le regard de notre esprit, nous ne rencontrons aucune raison de douter qui ne nous convainque par cela même de notre existence : que nous soyons attentifs à notre propre nature ; que nous nous représentions l’auteur de notre nature comme un rusé trompeur ; ou qu’enfin nous invoquions quelque autre raison de douter, extérieure à nous, que nous n’ayons précédemment jamais vu qui intervînt à aucun autre su, jet. Car, bien que, si nous prenons garde à la nature du Triangle, par exemple, nous soyons obligés de conclure que ses trois angles égalent deux droits, nous ne pouvons cependant pas conclure cela de ce que peut-être nous sommes trompés par l’auteur de notre nature ; tandis qu’au contraire, (le cela même notre existence ressort avec la plus grande certitude. Nous ne sommes donc pas obligés de conclure, de quelque côté que nous dirigions le regard de notre esprit, que les trois angles d’un triangle égalent deux droits, mais nous trouvons, au contraire, un