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notice

par une sorte d’examen critique des notions et des théories les plus importantes de la philosophie généralement enseignée (la scolastique) et il a résolu dans un sens cartésien[1] les problèmes relatifs à l’être en général et à certains êtres en particulier : Dieu et l’âme humaine. Cette partie de l’enseignement donné

    sité de le débarrasser avant tout des idées fausses dont son esprit était probablement rempli, et de lui montrer la futilité, la vanité de la scolastique : la plupart des personnes instruites de Hollande et d’ailleurs, se trouvant dans la même condition intellectuelle, ce qui était bon pour Casearius devait l’être aussi pour beaucoup au jugement de Spinoza et de ses amis. On s’expliquerait ainsi très bien la publication de l’ouvrage, le consentement de Spinoza à ce qu’elle eût lieu, la peine prise par lui à cet effet, le zèle de Louis Meyer qui y donna tous ses soins, celui de Jarig Jelles qui en fit les frais, l’enthousiasme enfin de Bouwmeester, auteur probable d’une poésie latine qu’on trouvera ci-après.

  1. Je dis dans un sens cartésien, ce qui, dans ma pensée, n’exclut nullement la possibilité pour Spinoza d’indiquer çà et là assez clairement, au moins pour nous qui connaissons ses autres œuvres, sa propre manière de voir. J’ajoute qu’il le fait dans les Principia tout autant que dans les Co^i/a/a Metaphysica. Les Cor/itala Metaphysica ont donné lieu à un intéressant débat entre Freudenthal et Kuno Fischer. Ce dernier avait cherché à établir, dans son Hisloire delà Philosophie moderne, que Spinoza, interprète de Descartes dans les Principia Philosophiie Cartesians, le combattait dans les Cogilata, sinon ouvertement, du moins indirectement. Ainsi, d’après Kuno Fischer, les Cogilata seraient un écrit anti-cartésien, joint aux Principia à titre de correctif. Freudenthal a bien montré, croyons-nous, dans sa dissertation déjà citée, S ;)inoca unddie Scholasti/i [Philos. Aufsàtze E. Zeller geiiAdmet) : i" que les Cogilata avaient été composés avant les Principia et simplement revus pour l’impression ; 2" que les Cogilata étaient un écrit anti-scolastique et non anticartésien. — Voir, outre les ouvrages ci-dessus, la réponse de Kuno Fischer dans l’édition la plus récente de son grand ouvrage {Geschichte der neueren Philosophie Jubilàum-Ausgabe, Heidelberg, 1898, II, p. 306 sq., note) et la réplique de Freudenthal dans Zeitschrift fiir Philosophie, Bd. 114, p. 304 sq. —Voir aussi Lewkowitz, Spinoza’s Cogilata Melaphgsica, Breslau, 1902.