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notice

Spinoza donc ayant consenti à enseigner la philosophie à un étudiant d’une vingtaine d’années et ne le jugeant pas assez mùr pour l’initier à sa propre doctrine entreprit de lui faire connaître celle de Descartes, laquelle comptait d’assez nombreux adeptes en Hollande, mais était loin cependant de régner en maitresse dans les grandes écoles et n’y était même pas toujours tolérée[1]. On observera, d’ailleurs, que nulle étude n’était plus propre à satisfaire la curiosité d’un jeune homme avide de nouveauté, qu’elle ne pouvait manquer de lui être fort salutaire et, dans la pensée de Spinoza, devait le préparer sans doute, à

    d’Albert Burgh s’étant marié en 1650 (Meinsma, Ouvrage cité p. 381) son fils a pu naître au plus tôt en 1651 et aurait eu à peine douze ans en février 1663. D’ailleurs. S. de Vries 7iomme dans sa lettre l’étudiant qui a eu la singulière fortune de vivre pendant quelque temps dans une sorte d’intimité avec Spinoza, et ce dernier le nomme également dans la sienne. Il s’appelait Casearius ; S. de Vries, toutefois, ortograpliie mal son nom ; il récrit Casuat’ius. Bien que le nom ait une majuscule dans les deux lettres autographes (les originaux se trouvent à l’Eglise Baptiste d’.Vmslerdam), il a été imprimé avec une minuscule, et beaucoup d’interprètes en ont fait à la suite de van Vloten un mot bas-latin signifiant : qui réside sous le m.’me toit. Meinsma {Ouvrage cité, p. 181) a complètement éclairci ce point d’histoire et nous lui devons également d’am|)les renseignements sur ce jtersonnagc de Casearius : Né en 1642 à Amsterdam, étudiant en théologie à Leyde en 1661, il fut plus tard pasteur au Malabar (Hindoustan) et collabora très activement à un grand et important ouvrage de botanique liorlus Malaburicus. Il mourat jeune, à Batavia semb !e-t-il, de la dysenterie, et paraît avoir justifié pleinement les espérances fondées sur lui par Spinoza. Van Ree<le. auteur principal du Jardin du Malabar, parle de lui en excellents termes dans la préface du 3" volume (V. Meinsma, Ouvrage cité. p. 189).

  1. Les théologiens protestants et les péripatéticiens firent prendre à diverses reprises des mesures contre l’introduction et l’enseignement de la philosophie cartésienne. Sur la persistance de la tradition scolastique en Hollande voir Freudenthal, Spi-