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et la raison demande[N 1], que nous cherchions, aussitôt qu’il se peut faire, s’il existe un Être, et en même temps quel il est, qui soit cause de toutes choses, de manière que son essence objective soit aussi cause de toutes nos idées, et alors notre esprit, comme je l’ai dit, reproduira la Nature aussi parfaitement que possible. Car il en possédera objectivement et l’essence et l’ordre et l’unité. Par là nous pouvons voir qu’avant tout il nous est nécessaire de tirer toujours toutes nos idées de choses physiques, c’est-à-dire d’êtres réels, allant, autant qu’il se pourra, suivant la suite des causes, d’un être réel à un autre être réel, et cela sans passer aux choses abstraites et générales, évitant également de conclure de ces choses quelque chose de réel, on de conclure ces choses d’un être réel, car l’un et l’autre interrompent la véritable marche en avant de l’entendement. Il est à noter toutefois que, par la suite des causes et des choses réelles, je n’entends pas ici la succession des choses singulières soumises au changement, mais seulement la suite des choses fixes et éternelles. Pour ce qui touche en effet la suite des choses singulières soumises au changement, il serait impossible à la faiblesse humaine de la saisir, tant à cause de leur multitude supérieure à tout nombre, qu’à cause des circonstances infinies réunies dans une seule et même chose, circonstances dont chacune peut faire que la chose existe ou n’existe pas ; puisque l’existence de ces choses n’a aucune connexion avec leur essence c’est-à-dire, comme nous l’avons déjà dit, n’est pas une vérité éternelle. Mais il n’est pas du tout né-


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