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tincte et par conséquent vraie. Si elle naissait d’une combinaison d’idées distinctes, cette combinaison même serait claire et distincte et par suite vraie. Quand, par exemple, nous connaissons la nature du cercle et aussi celle du carré, il devient impossible de les combiner et de forger un cercle carré ou une âme carrée ou d’autres combinaisons semblables. Concluons donc brièvement une fois encore : il n’est, nous le voyons, nullement à craindre qu’une fiction soit confondue avec des idées vraies. Pour ce qui concerne d’abord la première sorte de fiction dont nous avons parlé, sitôt qu’une chose est conçue clairement, nous voyons que si cette chose, qui est conçue clairement, est en soi une vérité éternelle, et que son existence en soit une également, nous ne pouvons forger aucune fiction à son sujet ; par contre, si l’existence de la chose conçue n’est pas une vérité éternelle, il faut seulement prendre soin de confronter l’existence de la chose avec son essence et être attentif en même temps à l’ordre de la Nature. Quant à la dernière sorte de fiction, nous avons dit qu’elle consistait dans une attention non accompagnée d’assentiment portée à la fois sur plusieurs idées confuses se rapportant à des choses et à des actions diverses qui existent dans la nature, et nous avons vu aussi qu’une chose parfaitement simple ne pouvait être forgée, mais était un objet de connaissance ; et aussi une chose composée, pourvu que nous fussions attentifs aux parties les plus simples dont elle est compo-

    éveillé et d’où ressort pour lui que les images lui apparaissant ne proviennent pas à ce moment même de choses occupant un lieu hors de lui. Pour l’erreur, ainsi qu’il apparaîtra bientôt, elle consiste à rêver éveillé. On l’appelle délire quand elle est très manifeste.