Page:Œuvres de Schiller, Poésies, 1859.djvu/350

Cette page n’a pas encore été corrigée

Puis versez-y les gouttes de l’esprit généreux. L’esprit seul donne la vie à la vie.

Avant qu’elle s’évapore, puisez tôt la liqueur ! Cette source ne désaltère que lorsqu’elle est brûlante.


CHANSON À BOIRE LE PUNCH, À CHANTER DANS LE NORD[1]


Sur libres hauteurs des monts, sous l’éclat du soleil du Midi, sous l’influence des chauds rayons, la nature produit le vin doré.

Et personne encore n’a découvert comment crée la grande mère : mystérieux est son travail, impénétrable sa puissance.

Étincelant comme un fils du soleil, comme la source de feu de la lumière, il jaillit petillant du tonneau, et vermeil, et clair comme le cristal.

Et il réjouit tous les sens, et dans tout cœur inquiet il verse le baume de l’espérance, et un nouvel amour de la vie.

Mais sur nos climats la lumière du soleil tombe oblique et terne : elle ne peut que colorer les feuilles, mais elle ne mûrit pas les fruits.

Pourtant le Nord aussi veut vivre, et ce qui vit se veut réjouir : aussi nous créons-nous, inventifs, sans vigne, du vin.

  1. Voyez la note précédente.