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.2k2 POÉSIES DÉTACHÉES. LE CHANT DE LA CLOCHE1. « Vivos voco. Morluos plango. Fulgura frango *. » Solidement maçonné dans la terre, le moule attend, formé d’argile, durci par le feu. C’est aujourd’hui que doit naître la cloche ! Alerte, compagnons, à vos postes ! Il faut que du front ruisselle la sueur brûlante, si l’on veut que l’œuvre loue le maître ; mais la bénédiction vient d’en haut. À l’oeuvre sérieuse que nous préparons, conviennent bien quelques mots sérieux : quand de bons discours l’accompagnent, la besogne avance gaiement. Observons donc avec attention ce que va produire notre faible pouvoir ; il faut mépriser le pauvre homme qui jamais ne médita sur ce qu’il exécute. Car enfin c’est là ce qui honore l’homme, et la raison lui a été donnée pour sentir au dedans de son cœur ce qu’il crée de sa main. Prenez le bois des troncs de sapin, mais faites qu’il soit bien sec, pour que la flamme comprimée s’élance par la gueule dans le fourneau. Faites fondre le bain de cuivre ! vite ici l’étain, pour que l’alliage épais coule de la bonne façon ! L’œuvre que dans cette fosse profonde nos mains construisent 1. Ce poème occupa Schiller pendant plusieurs années. C’est en 1799, pendant un séjour à Rudolstadt, qu’il y mit la dernière main. Il le publia d’abord dans l’Almanach des Muses de 1800. 2. Les mots de l’épigraphe se lisent sur la grosse cloche du Munster de Schafifhouse.