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LE PLONGEUR. 223 ici, dit-il, je te tiens pour le meilleur des chevaliers, et je veux qu’aujourd’hui même tu embrasses comme époux celle qui maintenant prie pour toi avec une tendre compassion. » Alors, une céleste force saisit son âme ; de ses yeux jaillit un éclair plein d’audace, et il voit rougir la jeune beauté, il la voit pâlir et tomber. Alors, il se sent entraîné à conquérir la précieuse récompense, et il se précipite au risque de vie et de mort. On entend bien mugir les ondes englouties ; on les voit bien revenir : un bruit de tonnerre les annonce. Alors elle se penche sur le gouffre, avec un regard plein d’amour ; les vagues viennent, viennent toutes ; elles montent à grand bruit, à grand bruit redescendent : nulle ne rapporte le jeune homme. LE CHEVALIER TOGGENBOURG1. « Chevalier, ce cœur vous promet le fidèle amour d’une sœur. N’exigez pas un autre amour, car cela me peine. Volontiers je vous vois venir ici sans trouble, et sans trouble partir ; les larmes silencieuses de vos yeux, je ne les puis comprendre. » Il l’entend avec une muette douleur, s’arrache d’elle le cœur saignant, la presse ardemment dans ses bras, s’élance sur son coursier. Il mande tout ce qu’il a de vassaux dans la terre de Suisse ; ils partent pour le saint Sépulcre, la croix sur la poitrine. 1. Une lettre de Goethe nous apprend que cette ballade était terminée avant la fin d’août 1797. Elle fut insérée clans l’Almanach des Muses de 1798.