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ANNONCE DES HEURES[1].


LES HEURES,
RECUEIL MENSUEL, COMPOSÉ PAR UNE SOCIÉTÉ D’ÉCRIVAINS, ET PUBLIÉ PAR SCHILLER.


Dans un temps où le bruit de la guerre qui approche inquiète la patrie, où la lutte des opinions et des intérêts politiques reproduit cette guerre presque dans chaque cercle, et n’en bannit que trop souvent les Muses et les Grâces, où nulle part, ni dans tes conversations, ni dans les écrits du jour, on n’est à l’abri de ce démon de la critique politique, de ce persécuteur universel, il peut paraître aussi hasardé que méritoire d’inviter le lecteur, si fort distrait, à un entretien d’un genre tout opposé. Dans le fait, les circonstances semblent promettre peu de succès à une feuille qui s’impose un rigoureux silence sur le thème favori du jour, et qui mettra sa gloire à plaire par quelque autre chose que ce qui est maintenant le seul moyen de plaire. Mais plus l’intérêt borné du présent tend les esprits, les comprime et les subjugue, plus le besoin devient pressant de les affranchir au moyen d’un intérêt universel, d’un intérêt plus haut, qui se prenne à ce qui est purement humain, à ce qui s’élève au-dessus de toute influence du temps, et de réunir sous la bannière du vrai et du beau, le monde divisé par la politique.

Tel est le point de vue sous lequel les rédacteurs de ce journal voudraient qu’on le considérât. Il doit être consacré à un amusement serein

  1. Cette annonce, que Schiller composa au mois de décembre 1794, fut d’abord distribuée avec la feuille d’avis de la Gazette littéraire universelle d’Iéna. On l’imprima ensuite en tête du premier cahier des Heures (1795). On trouvera dans la correspondance entre Schiller et Goethe, à la suite de la première lettre de Schiller, datée du 13 juin 1795, une autre pièce relative aux Heures, une circulaire adressée aux principaux écrivains de l’Allemagne pour leur de mander leur coopération.