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recevront les déclarations du roi et de la reine ; c’était déroger aux principes de l’égalité des citoyens devant la loi. La reine est une citoyenne, le roi est un citoyen comptable de la nation, et en qualité de premier fonctionnaire public, il doit être soumis à la loi. C’est donc aux juges du tribunal de l’arrondissement des Tuileries, chargés de l’information, qu’appartient également le droit de recevoir les déclarations du roi et de la reine[1].

  1. Le 22 juin, Robespierre avait prononcé au club des Jacobins un grand discours où il dénonçait la fuite du roi comme une conspiration évidente des ennemis de l’extérieur coalisés avec les ennemis de l’intérieur : « Ce qui m’épouvante, moi, messieurs, c’est cela même qui me paraît rassurer tout le monde. Ici j’ai besoin qu’on m’entende jusqu’au bout. Ce qui m’épouvante, encore une fois, c’est précisément cela même qui paraît rassurer tous les autres : c’est que depuis ce matin, tous nos ennemis parlent le même langage que nous. Tout le monde est réuni ; tous ont le même visage et pourtant il est clair qu’un roi qui avait quarante millions de rente, qui disposait encore de toutes les places, qui avait encore la plus belle couronne de l’univers et la mieux affermie sur sa tête, n’a pu renoncer à tant d’avantages sans être sûr de les recouvrer. Or, ce ne peut pas être sur l’appui de Léopold et du roi de Suède, et sur l’armée d’outre-Rhin qu’il fonde ses espérances : que tous les brigands d’Europe se liguent, et encore une fois ils seront vaincus. C’est donc au milieu de nous, c’est dans cette capitale que le roi fugitif a laissé les appuis sur lesquels il compte pour sa rentrée triomphante ; autrement sa fuite serait trop insensée. Vous savez que trois millions d’hommes armés pour la liberté seraient invincibles : il a donc un parti puissant et de grandes intelligences au milieu de nous, et cependant regardez autour de vous, et partagez mon effroi en considérant que tous ont le même masque de patriotisme. » Robespierre « démontre » que le comité militaire « regorge de traîtres, » que les ministres s’entendent avec l’Assemblée pour vendre la France aux étrangers. Il prévoit les plus grands malheurs : « Comment pourrions-nous échapper ? Antoine commande les légions qui vont venger César ! et c’est Octave qui commande les légions de la république. On nous parle de réunion, de nécessité de se serrer autour des mêmes hommes. Mais