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duite et de la révolution qu’elle a faite. Il excuse l’abbé Raynal sur son grand âge ; et il est persuadé que cette démarche produira dans le public un effet tout contraire à celui qu’on en attend.

Séance du 1er juin. — Robespierre s’oppose aux poursuites réclamées par le ministre Montmorin contre le Moniteur, pour une correspondance d’Allemagne, insérée dans le numéro 151 de ce journal, et dans laquelle on prêtait au roi le projet d’évasion le plus absurde, disait le ministre. La fuite à Varennes eut lieu vingt jours plus tard.

Séance du 9 Juin. — Robespierre soutient l’incompatibilité des fonctions municipales avec les fonctions législatives, par ce motif que le même homme ne peut-être inviolable et responsable à la fois.

Séance du 10 Juin. — Il insiste pour le licenciement des officiers de l’armée[1] : « Au milieu des ruines de toutes les aristocraties, quelle est cette puissance qui seule élève encore un front audacieux et menaçant ? Vous avez reconstitué toutes les fonctions publiques suivant les principes de la liberté et de l’égalité, et vous conservez un corps de fonctionnaires publics armés, créé par le despotisme, dont la constitution est fondée sur les maximes les plus extravagantes du despotisme et de l’aristocratie ; qui est à la fois l’appui et l’instrument du despotisme, le triomphe de l’aristocratie, le démenti le plus formel de la constitution, et l’insulte la plus révoltante à la dignité du peuple. Sur quel puissant motif est fondé ce hideux contraste de l’ancien régime et du nouveau. Croyez-vous qu’une armée nombreuse et permanente

  1. Quelques jours auparavant Robespierre, parlant sur cette question aux Jacobins, avait prononcé cette phrase : « Je le dis avec franchise, peut-être même avec rudesse : quiconque ne veut pas, ne conseille pas le licenciement est un traître. » À ces mots, un membre, saisi de transport, interrompit l’orateur et demanda, aux applaudissements de l’assemblée, que ces derniers mots fussent inscrits en gros caractères aux quatre coins de la salle.