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vertu, qui n’est autre chose que l’amour de la patrie et de ses lois !

Mais comme l’essence de la république ou de la démocratie est l’égalité, il s’ensuit que l’amour de la patrie embrasse nécessairement l’amour de l’égalité.

Il est vrai encore que ce sentiment sublime suppose la préférence de l’intérêt public à tous les intérêts particuliers ; d’où il résulte que l’amour de la patrie suppose encore ou produit toutes les vertus : car que sont-elles autre chose que la force de l’âme qui rend capable de ces sacrifices ? et comment l’esclave de l’avarice ou de l’ambition, par exemple, pourrait-il immoler son idole à la patrie ?

Non-seulement la vertu est l’âme de la démocratie, mais elle ne peut exister que dans ce gouvernement. Dans la monarchie, je ne connais qu’un individu qui peut aimer la patrie, et qui pour cela n’a pas même besoin de vertu ; c’est le monarque : la raison en est que de tous les habitants de ses États le monarque est le seul qui ait une patrie. N’est-il pas le souverain au moins de fait ? N’est-il pas à la place du peuple ? Et qu’est-ce que la patrie, si ce n’est le pays où l’on est citoyen et membre du souverain ?

Par une conséquence du même principe, dans les États aristocratiques le mot patrie ne signifie quelque chose que pour les familles patriciennes, qui ont envahi la souveraineté.

Il n’est que la démocratie où l’État est véritablement la patrie de tous les individus qui le composent, et peut compter autant de défenseurs intéressés à sa cause qu’il renferme de citoyens. Voilà la source de la supériorité des peuples libres sur les autres : si Athènes et Sparte ont triomphé des tyrans de l’Asie, et les Suisses des tyrans de l’Espagne et de l’Autriche, il n’en faut point chercher d’autre cause.

Mais les Français sont le premier peuple du monde qui ait établi la véritable démocratie en appelant tous les