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SUR LES PRINCIPES DE MORALE POLITIQUE QUI DOIVENT GUIDER LA CONVENTION NATIONALE DANS L’ADMINISTRATION INTÉRIEURE DE LA RÉPUBLIQUE.


CONVENTION. – Séance du 5 février 1794.


(17 pluviôse an II de la république française.)


Après avoir marché longtemps au hasard, et comme emportés par le mouvement des factions contraires, les représentants du peuple français ont enfin montré un caractère et un gouvernement : un changement subit dans la fortune de la nation annonça à l’Europe la régénération qui s’était opérée dans la représentation nationale. Mais jusqu’au moment même où je parle, il faut convenir que nous avons été plutôt guidés, dans des circonstances si orageuses, par l’amour du bien et le sentiment des besoins de la pairie que par une théorie exacte et des règles précises de conduite, que nous n’avions pas même le loisir de tracer.

Il est temps de marquer nettement le but de la révolution et le terme où nous voulons arriver ; il est temps de nous rendre compte à nous-mêmes, et des obstacles qui nous en éloignent encore, et des moyens que nous devons adopter pour l’atteindre…

Quel est le but où nous tendons ? La jouissance paisible de la liberté et de l’égalité, le règne de cette justice éternelle, dont les lois ont été gravées, non sur le marbre et sur la pierre, mais dans le cœur de tous les hommes, même dans celui de l’esclave qui les oublie, et du tyran qui les nie.

Nous voulons un ordre de choses où toutes les passions basses et cruelles soient enchaînées, toutes les passions bienfaisantes et généreuses éveillées par les lois ; où l’ambi-