sières manœuvres, qui compromettent à la fois sa dignité, sa liberté et son salut.
Pour moi, je pense que la constitution ne doit pas se borner à ordonner que les séances du Corps-Législatif et des autorités constituées soient publiques, mais encore qu’elle ne doit pas dédaigner de s’occuper des moyens de leur assurer la plus grande publicité ; qu’elle doit interdire aux mandataires le pouvoir d’influer en aucune manière sur la composition de l’auditoire, et de rétrécir arbitrairement l’étendue du lieu qui doit recevoir le peuple : elle doit pourvoir à ce que la législature réside au sein d’une immense population, et délibère sous les yeux de la plus grande multitude possible de citoyens.
Le principe de la responsabilité morale veut encore que les agents du gouvernement rendent, à des époques déterminées et assez rapprochées, des comptes exacts et circonstanciés de leur gestion ; que ces comptes soient rendus publics par la voie de l’impression, et soumis à la censure de tous les citoyens ; qu’ils soient envoyés en conséquence à tous les départements, à toutes les administrations et à toutes les communes.
À l’appui de la responsabilité morale, il faut déployer la responsabilité physique, qui est, en dernière analyse, la plus sûre gardienne de la liberté : elle consiste dans la punition des fonctionnaires publics prévaricateurs.
Un peuple dont les mandataires ne doivent compte à personne de leur gestion n’a point de constitution ; un peuple dont les mandataires ne rendent compte qu’à d’autres mandataires inviolables n’a point de constitution, puisqu’il dépend de ceux-ci de le trahir impunément, et de le laisser trahir par les autres. Si c’est là le sens qu’on attache au gouvernement représentatif, j’avoue que j’adopte tous les anathèmes prononcés contre lui par Jean-Jacques Rousseau. Au reste, ce mot a besoin d’être expliqué, comme