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de toute idée religieuse ? Ce sont les riches : cette manière de voir dans cette classe d’hommes suppose chez les uns plus d’instruction, chez les autres seulement plus de corruption. Qui sont ceux qui croient à la nécessité du culte ? Ce sont les citoyens les plus faibles et les moins aisés, soit parce qu’ils sont moins raisonneurs ou moins éclairés, soit aussi par une des raisons auxquelles on a attribué les progrès rapides du christianisme, savoir que la morale du fils de Marie prononce des anathèmes contre la tyrannie et contre l’impitoyable opulence, et porte des consolations à la misère et au désespoir lui-même. Ce sont donc les citoyens pauvres qui seront obligés de supporter les frais du culte, ou bien ils seront encore à cet égard dans la dépendance des riches ou dans celle des prêtres, ils seront réduits à mendier la religion, comme ils mendient du travail et du pain. Ou bien encore réduits à l’impuissance de salarier les prêtres, ils seront forcés de renoncer à leur ministère ; et c’est la plus funeste de toutes les hypothèses ; car, c’est alors qu’ils sentiront tout le poids de leur misère, qui semblera leur ôter tous les biens, jusqu’à l’espérance ; c’est alors qu’ils accuseront ceux qui les auront réduits à acheter le droit de remplir ce qu’il regarde comme des devoirs sacrés : Vous parlez de la liberté des consciences, et ce système l’anéantit. Car réduire le peuple à l’impuissance de pratiquer la religion, ou la proscrire par une loi expresse, c’est exactement la même chose. Or, nulle puissance n’a le droit de supprimer le culte établi, jusqu’à ce que le peuple en soit lui-même détrompé.

Peu importe que les opinions religieuses qu’il a embrassées soient des préjugés ou non ; c’est dans son système qu’il faut raisonner.

J’ai annoncé que le projet proposé ne portait pas sur la suppression du genre de dépense le plus onéreux et le plus inutile. Pour adopter un système d’économies vraiment utiles, il faudrait embrasser le système entier des dépenses