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SUR LA GUERRE

DISCOURS PRONONCÉS AU CLUB DES JACOBINS


Les plus grandes questions qui agitent les hommes ont souvent pour base un malentendu ; il y en a un, si je ne me trompe, même dans celle-ci ; il suffit de le faire cesser, et tous les bons citoyens se rallieront aux principes et à la vérité.

Des deux opinions qui ont été balancées dans cette assemblée, l’une a pour elle toutes les idées qui flattent l’imagination, toutes les espérances brillantes qui animent l’enthousiasme et même un sentiment généreux soutenu de tous les moyens que le gouvernement le plus actif et le plus puissant peut employer pour influer sur l’opinion ; l’autre n’est appuyée que sur la froide raison et sur la triste vérité. Pour plaire, il faut défendre la première ; pour être utile, il faut soutenir la seconde avec la certitude de déplaire à tous ceux qui ont le pouvoir de nuire : c’est pour celle-ci que je me déclare.

Ferons-nous la guerre, ou ferons-nous la paix ? Attaquerons-nous nos ennemis, ou les attendrons-nous dans nos foyers ? Je crois que cet énoncé ne présente pas la question sous tous ses rapports et dans toute son étendue. Quel parti la nation et ses représentants doivent-ils prendre, dans les circonstances où nous sommes, à l’égard de nos ennemis intérieurs et extérieurs ? Voilà le véritable point de vue sous lequel on doit l’envisager, si on veut l’embrasser tout entière, et la discuter avec toute l’exactitude qu’elle exige. Ce qui importe, par-dessus tout, quel que puisse être le fruit de nos efforts, c’est d’éclairer la nation sur ses véritables intérêts et sur ceux de ses ennemis ; c’est de ne pas ôter à la liberté sa dernière ressource, en don-