définiment, et ne peuvent les recouvrer que sous une condition qui n’est point en leur pouvoir. Juste ciel ! le génie et la vertu mis plus bas que l’opulence et le crime par le législateur !
« Que ne vit-il encore ! avons-nous dit quelquefois, en rapprochant l’idée de cette grande révolution et celle d’un grand homme qui a contribué à la préparer, que ne vit-il encore ce philosophe sensible et éloquent, dont les écrits ont développé parmi nous ces principes de morale publique qui nous ont rendus dignes de concevoir le dessein de régénérer notre patrie. » Eh bien ! s’il vivait encore, que verrait-il ? les lois sacrées de l’homme, qu’il a défendue, violées par la constitution naissante, et son nom effacé de la liste des citoyens. Que diraient aussi tous ces grands hommes qui gouvernèrent jadis les peuples les plus libres et les plus vertueux de la terre, mais qui ne laissèrent pas de quoi fournir aux frais de leurs funérailles, et dont les familles étaient nourries aux dépens de l’État ? que diraient-ils, si, revivant parmi nous, ils pouvaient voir s’élever cette constitution si vantée ? Ô Aristide, la Grèce t’a surnommé le juste, et t’a fait l’arbitre de sa destinée : la France régénérée ne verra en toi qu’un homme de rien, qui ne paie point un marc d’argent. En vain la confiance du peuple t’appellerait à défendre ses droits, il n’est point de municipalité qui ne te repoussât de son sein. Tu aurais vingt fois sauvé la patrie, que tu ne serais pas encore citoyen actif, ou éligible… à moins que ta grande âme ne consentit à vaincre les rigueurs de la fortune aux dépens de ta liberté, ou de quelqu’une de tes vertus.
Ces héros n’ignoraient pas, et nous répétons quelquefois nous-mêmes, que la liberté ne peut être solidement fondée que sur les mœurs. Or, quelles mœurs peut avoir un peuple chez qui les lois semblent s’appliquer à donner à la soif des richesses la plus furieuse activité ? et quel moyen plus sûr les lois peuvent-elles prendre pour irriter cette passion,