Convention nationale… Mais s’ils ont cru que pour anéantir votre énergie ou pour changer vos principes, il suffit d’assassiner ceux à qui vous avez spécialement confié le soin de veiller pour le salut de la république, ils se sont trompés… Quand nous serons tombés sous leurs coups, vous voudrez achever votre sublime entreprise, ou partager notre sort ; ou plutôt, il n’y a pas un Français qui ne voulût alors venir sur nos corps sanglants jurer d’exterminer le dernier des ennemis des peuples ! (L’Assemblée entière se lève par un mouvement spontané pour témoigner son approbation.) Cependant, poursuit Robespierre, leur délire impie atteste à la fois leurs espérances et leur désespoir. Calomnies, trahisons, incendies, empoisonnements, athéisme, corruption, famine, assassinats : ils ont prodigué tous les crimes ! Il leur reste encore l’assassinat, ensuite l’assassinat, et puis encore l’assassinat ! Réjouissons-nous donc, et rendons grâces au ciel, puisque nous avons assez bien servi notre patrie, pour avoir été jugés dignes des poignards de la tyrannie ! Mais les destinées de la République ne sont pas encore entièrement affermies et la vigilance des représentants du peuple français est plus que jamais nécessaire. J’ai parlé de la vertu du peuple, et cette vertu, attestée par toute la révolution, ne suffirait pas seule pour nous rassurer contre les factions, qui tendent sans cesse à corrompre et à déchirer la république. Pourquoi cela ? C’est qu’il y a deux peuples en France : l’un est la masse des citoyens, pure, simple, altérée de la justice et amie de la liberté ; c’est ce peuple vertueux qui verse son sang pour fonder la république, qui impose aux ennemis du dedans et ébranle les trônes des tyrans ; — l’autre est ce ramas d’ambitieux et d’intrigants ; c’est ce peuple babillard et charlatan, artificieux, qui se montre partout, qui persécute le patriotisme, qui s’empare des tribunes et souvent des fonctions publiques, qui abuse de l’instruction que les avantages de l’ancien régime lui ont donnée, pour tromper
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