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S’ al merto di chi ogn’ or piangendo invoco,
Troppo ardenti saette hai in me distese.

Ei pur per noi umana carne presel,
Con laqual poi morendo estinse il foco
De’ tuoi disdegni, e riaperse il loco
Che’ il nostro adorno mal già ne contese.

Con questa fida ed onorata scorta,
Dinanzi al seggio tuo mi rappresento,
Carco d’orrore e di mi stesso in ira.

Tu pace al cor, ch’ egli è ben tempo, apporta,
E le gravi mie colpe, ond’ io pavento,
Nel sangue tinte del figliuol tuo mira.

Hélas ! si tu prends garde aux erreurs que j’ai faites,
Je l’avoue, ô Seigneur ! mon martyre est bien doux ;
Mais, si le sang de Christ a satisfait pour nous,
Tu décoches sur moi trop d’ardentes sagettes.

Que me demandes-tu ? mes œuvres imparfaites,
Au lieu de t’adoucir, aigrirent ton courroux ;
Sois moi donc pitoyable, ô Dieu ! père de tous ;
Car, où pourrai-je aller, si plus tu me rejettes ?

D’esprit triste et confus, de misère accablé,
En horreur à moi-même, angoisseux et troublé,
Je me jette à tes pieds ; sois-moi doux et propice !

Ne tourne point les yeux sur mes actes pervers,
Ou, si tu les veux voir, vois les teints et couverts
Du beau sang de ton Fils, ma grâce et ma justice.

Ce dernier vers, bourré de chevilles, n’a certainement pas la force et la netteté du vers italien correspondant. La similitude des deux morceaux est d’ailleurs incontestable : Desportes a contracté envers l’auteur ultramontain une dette clandestine ; Desbarreaux a soustrait à Desportes, sans avertir le public, ce que Desportes avait soustrait lui-même, et s’est fait une réputation à peu de frais. La gloire a d’étranges caprices et distribue souvent bien mal ses couronnes.

IX


En résumé, on peut dire de notre poëte, comme de Ronsard, que presque tous ses défauts lui vinrent de l’Italie, que presque