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Tallemant des Réaux prétend que Desportes avait eu la fantaisie de posséder tout le patrimoine de sa famille. Trois sœurs ne voulurent point lui vendre leur part : il en garda rancune et détourna d’elles ses bienfaits, qu’il répandit exclusivement sur son frère et sur ses trois autres sœurs.

Un fils naturel, qui avait hérité de sa précieuse bibliothèque, la dispersa et gaspilla, comme l’ignorant de la fable. Une partie seulement fut sauvée par les Jésuites, qui la transportèrent rue Saint-Jacques, dans leur fameux collége de Clermont[1].

Régnier obtint, après la mort du poëte élégiaque, une pension de deux mille livres sur son abbaye des Vaux-de-Cernay. Il la dut à la protection du maréchal d’Estrées[2].


VIII


Desportes a imité Ovide, Catulle, Properce, Tibulle, parmi les anciens ; on reconnaît à chaque instant leurs pierreries, leurs camées et leurs perles enchâssées dans ses vers. Mais Pétrarque, Bembo, Sannazar, Marulle, Tibaldo, Molza, Tansillo, Angerianus, parmi les modernes, lui ont fourni plus de joyaux encore, sans parler des faux diamants. Pour apprécier sa valeur, il est donc nécessaire de juger l’influence que les rimeurs ultramontains ont exercée sur lui.


    claro, poetices vero peritia adeo excellenti, ut ei uni Musæ omnes suas artes aperuisse videantur. Quibus dotibus, omnium calculo, Gallorum poetarum sui sæculi princeps, antiquis etiam latinis ac græcis non inferior habitus, christianissimis regibus Carolo IX, Henrico III ac IV, tam gratus extitit, ut principum liberalitate plus ei collatum sit, quam moderatissimi viri natura capere potuit, raroque hac ambitiosa tempestate spretæ potestatis exemplo, primo amplissimam notarii sacrarum jussionum dignitatem, deinde Burdigalensem archiepiscopatum recusavit. Huic, licet ad sempiternam gloriam, inter tot eximias virtutes, Psalmorum Davidis absolutissima versibus Gallicis expressio sufficeret, attamen Theobulus Portius, pietatis gratique animi erga fratrem optimum bene de se meritum, hic in spe resurrectionis beatæ quiescentem, istud monumentum extare voluit. Vixit annos 60, mens. 5 ; obiit 3 nonas octobris, anno 1606. »

  1. Traité des plus belles Bibliothèques, par le P. Jacob, p. 524.
  2. « Il est parlé de cette pension, dit l’abbé Goujet, dans une pièce faite alors contre Régnier, intitulée : Le Combat de Régnier et de Bertelot. » Tallemant la porte à cinq mille livres : mais sa parole ne doit jamais faire autorité.