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SUR


LES ŒUVRES CHRESTIENNES


DE


MONSIEUR DESPORTES


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Des-Portes n’ayant plus les vers en reverence
Du profane Apollon, plein de net jugement,
Tu vas ornant les tiens d’un si bel ornement,
Qu’ils auront à la fin sur tous la preference.

Quant au siege d’Amour tu fis la comparence,
Jeune aigle regardant le soleil fermement,
Au ciel, d’un beau visage, en ce ravissement,
Tu chantois d’un Dieu feint une feinte apparence.

Mais, de la vray-semblance aux cieux estant porté,
Tu vois ore de Dieu l’essence en verité ;
Et r’animant tes vers de son ame eternelle,

Tu auras pour loyer toute immortalité ;
Car Dieu donne tousjours, par la postérité,
Un loyer immortel pour une œuvre immortelle.

L. Vauquelin de la Fresnaye[1]
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Toy qui jadis réduit sous l’amoureux empire,
Pour addoucir l’aigreur de ton mal rigoureux,
As si bien sçeu te plaindre en tes vers amoureux,
Qu’Amour, bien que tyran, les lisant en soupire ?

Ore montant plus haut les cordes de ta lyre,
Tu dresses vers le ciel ton vol avantureux,

  1. Voyez la note de la page 9.