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Tourbillons, foudres et nuages,
Sans fin le Seigneur benissez.

Benissez sa bonté propice,
Terre, des vivans la nourrice,
Monts et cousteaux moins relevez,
Tout ce qui se germe en la terre,
Et les mineraux qu’elle enserre,
Tous, tous, le Seigneur elevez.

Fleuves, mers, ruisseaux et fontaines,
Benissez-le ; lourdes baleines,
Poissons, qui dans l’eau vous jouëz,
Hostes de l’air de tous ramages,
Animaux privez et sauvages,
D’un accord le Seigneur louëz.

Haussez-le sur toute puissance,
Vous humains faits à sa semblance.
Benisse Israël sa bonté ;
Ministres des divins offices,
Prestres vouëz aux sacrifices,
Par vous le Seigneur soit chanté.

Serfs du Seigneur, donnez-luy gloire ;
Esprits, celebrez sa memoire,
Qui purs la justice embrassez ;
Humbles de cœur et de pensée,
Dont l’ame est toute à lui dressée,
Sans fin le Seigneur benissez.

Entre tous qui gloire luy donnent,
Que nos voix plus hautement sonnent,
Nous qu’il a d’enfers retirez
Et des mains d’une mort certaine,
Et de la fournaise inhumaine,
Qui nous eust à coup devorez.

Confessons qu’il est debonnaire,
Que sa grace à jamais esclaire,
Et qu’il est le grand Dieu des Dieux.
Ainsi levans au ciel leurs ames,
Et s’esgayans dedans les flames,
Chantoyent les trois enfans hebrieux.


PLAINTE


Depuis six mois entiers que ta main courroucée
Se retira, Seigneur, de mon ame oppressée,
Et me laissa debile au pouvoir des malheurs,
J’ay tant souffert d’ennuis, qu’helas ! je ne puis dire