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En vivant triompha des vices de la terre,
Et l’orna de vertus, d’honneurs et de bonté.

Brissac fut son espoux, ce guerrier indomté,
Qui fut des ennemis la foudre et le tonnerre :
Brissac fut son enfant, cet astre de la guerre,
Qui trop tost des François retira sa clarté.

Tant que des faits gaulois durera la memoire,
De ces preux chevaliers sera vive la gloire.
Elle donc, mere et femme à deux si grands guerriers,

Qui sema de lauriers et de palmes la France,
Doit avoir son tombeau, pour digne recompanse,
Au lieu de belles fleurs tout semé de lauriers.


DE SEBASTIEN DE LUXEMBOURG


DUC DE MARTIGUES


Celuy que la mort mesme en vivant redoutoit,
Lors qu’il ouvroit les flancs de la mutine armée,
Et qui, chaud d’un beau sang et de gloire animée,
Sans crainte de la mort aux dangers se jettoit.

Cette fatale sœur qui toujours l’aguettoit,
D’envieuse fureur et d’ire envenimée,
Se meslant dans l’estain d’une balle enflammée,
Perça son front vainqueur, où la gloire habitoit.

Puis, se resjouyssant d’un si piteux ouvrage :
— Voy, ce dit-elle alors, que te sert ton courage ?
Et comme les plus forts sont sujets à ma loy.

— Tu t’abuses, dit-il, ô mort pleine d’envie !
Car je laisse un renom qui n’a point peur de toy,
Et vay revivre au ciel d’une immortelle vie.


DU SIEUR DE SILLAC


C’est en vain desormais que la mere nature
Travaille à faire voir des ouvrages parfaits,
Puis qu’ils sont par la mort si promptement défaits,
Et que le plus parfait est celuy qui moins dure.

Peintres mal avisez, qui, par vostre peinture,