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Bien fournis de courtaux, de limiers et de toiles,
Pour chasser aux forests des jeunes damoiselles.


II

On dit que leurs taillis sont assez frequentez,
Et que tout ce terroir est fort propre à la chasse ;
Les piqueurs seulement ne sont pas bien montez,
Leurs courtaux et leurs chiens sont de mauvaise race :
Ils n’ont jamais appris comme l’on doit chasser,
Faire enceinte és devant, rembuscher et lancer,
Requester, redresser, mettre bien sa brisée ;
Mais souvent redresser c’est chose mal-aisée.


III

Ce n’est pas peu de cas de chasser comme il faut ;
À la perfection mainte chose est requise.
Les piqueurs bien rusez souvent sont en deffaut,
Et sans plus redresser laissent leur entreprise.
Pour estre bon chasseur, il faut premierement
Estre ferme et bien roide, et piquer vivement,
Garder l’ordre et le tans, et l’art et la mesure,
Et non comme les foux courir à l’advanture.


IV

Il faut un bon limier penible et poursuivant,
Nerveux, le rable gros et la narine ouverte,
Qui roidisse la queuë et s’allonge en avant,
Si tost qu’il sent la beste ou qu’il l’a découverte ;
Et lors c’est le plaisir, quand un veneur parfait
Le sçait tenir de court ou luy lascher le trait,
L’arrester, l’échauffer, comme il a connoissance
Ou que la beste ruse, ou bien qu’elle s’avance.


V

Tous endroits pour courir ne sont pas approuvez,
Et chacune forest n’est duisante à la chasse :
Les champs marescageux, qui sont trop abbruvez,
Bien souvent à nos chiens ont fait perdre la trace ;
Les lieux, d’autre costé, raboteux et pierreux
Sont fascheux à piquer et sont fort dangereux ;
Qui veut que sans danger le plaisir l’accompagne,
Il n’est que de chasser en la plaine campagne.