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Et par qui ce grand tout en devoir est tenu,
Favorise et conduis, ô deesse immortelle
Ceste troupe guerriere, amoureuse et fidelle.

Ce sont neuf chevaliers devots à ton service,
Qu’un despit genereux de l’humaine malice
D’un des coings de la terre a conduis en ces lieux.
Amour est le sujet de leur juste querelle :
Ils ne sçauroient souffrir que l’audace mortelle
Le conduise en triomphe à la honte des dieux.
Aide un si beau dessein, fortune leur prouësse
Et delivre un grand dieu, toy, plus grande deesse.


LA FOY.

Allez, mes chevaliers, marchez à la bonne heure.
Je vous suivray partout : ma plus chere demeure
Sera dedans vos cœurs pleins de ma deïté.
Pour avoir constamment gardé la foy promise,
Je vous ay reservez à si haute entreprise,
Ornant de ce laurier vostre fidelité.


LE CHOEUR DE TOUS LES FLAMINES.

Dames, qui par vos yeux rompez tous les ombrages,
Changeant la nuict en jour, esclairez leurs courages,
Et de vos doux regards animez leur valeur.
Rien ne leur donne crainte, ayant ceste assistance ;
Sinon peu leur vaudra leur fidelle constance.
Si vous n’en faites cas, la foy n’est que malheur.


POUR LA MASQUARADE DES VISIONS


LA NUIT.

Hors de mon humide sejour,
Ennemy du bruit et du jour,
Je sors, des dieux la plus aisnée,
Avec mes astres argentez,
Pour voir vos divines beautez,
Honorant un saint hymenée.

Paisible en mon char, je conduis
Le sommeil, charmeur des ennuis,
Le repos et l’oubly des paines,
Afin qu’en tout contentement
Vous puissiez passer doucement
De ce soir les heures soudaines.