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Puis que le mal est douce recompanse.
Et la douleur vaut tout contentement !

Tu as en vain ta clarté retirée,
Soleil jaloux, dans la mer azurée
Où tu languis en paresseux sejour ;
Car loin de toy les beaux yeux de ces dames,
Soleils luisans, chauds d’amoureuses flames,
Chassent l’ombrage et nous donnent le jour.


VERS RECITEZ EN UNE MASQUARADE


Il n’est point d’autre liberté,
Que d’estre serf d’une beauté.

Ô nuict, du ciel la fille aisnée,
Guidant tant d’astres nompareils,
Se veit-il onc une journée
Luisante en si divins soleils ?

Il n’est point, etc.

Qui voit une troupe si belle
Sans qu’Amour le vienne toucher,
Il est fils d’une ourse cruelle,
Ou porte une ame de rocher.

Il n’est point, etc.

Que d’amours en leurs beaux visages,
Qu’en leurs yeux vivent de trespas !
Autrefois de moindres cordages
Ont tiré les dieux icy bas.

Il n’est point, etc.

D’un regard disposer des ames,
Vaincre et commander en tous lieux,
D’un glaçon tirer mille flames
C’est le moindre effort de leurs yeux.

Il n’est point, etc.

Sont-ce pas de douces contraintes
Que de servir si longuement ?
Jamais nous ne ferons de plaintes,
Languissans d’un si beau tourment.

Il n’est point d’autre liberté,
Que d’estre serf d’une beauté ;