Le ciel, peintre sçavant, l’a portraite si belle,
Que son divin tableau ne se peut imiter.
Comment, sans t’esblouyr, pourras-tu supporter
De ses yeux flamboyans la planette jumelle ?
Quelle couleur peindra sa couleur naturelle,
Et les graces qu’on voit sur son front voleter ?
Quel or égalera l’or de sa blonde tresse ?
Quels traits imiteront cette douce rudesse,
Ce port, ce teint, ce ris, ces attraits gracieux ?
Laisse au grand dieu d’Amour ce labeur temeraire,
Qui d’un trait pour pinceau la sçaura mieux pourtraire,
Non dessus de la toile, ains dans le cœur des dieux.
POUR METTRE DEVANT UN PETRARQUE
Le labeur glorieux d’un esprit admirable
Triomphe heureusement de la posterité,
Comme ce Florentin qui a si bien chanté
Que les siecles d’apres n’ont trouvé son semblable.
La beauté n’est ainsi, car elle est perissable ;
Mais Laure avec ses vers un trophée a planté,
Qui fait que l’on revere à jamais sa beauté,
Et qui rend son laurier verdissant et durable.
Celle qui dans ses yeux tient mon contentement,
La passant en beauté, luy cede seulement
En ce qu’un moindre esprit la veut rendre immortelle.
Mais j’ay plus d’amitié, s’il fut mieux écrivant,
Car sa Laure mourut et il resta vivant ;
Si ma dame mouroit, je mourrois avec elle.
POUR UN MIROIR
Ce miroir bien-heureux, à qui je porte envie,
Pour le bien d’estre à vous qui luy doit advenir,