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Φ.

Quelle preuve, ou quelle foy
Vous puis-je donner de moy,
Qui ces creances efface ?

D.

Rien ne sçauroit m’asseurer,
Car quelle foy peut jurer
Un cœur si plein de fallace,
En qui jamais l’amour ny la foy n’eurent place ?

Φ.

La mort que je sens venir,
Pour mes angoisses finir,
Vous monstrera le contraire.

D.

Ah ! trompeur ! tu vas pensant
Que ce propos soit puissant
Pour adoucir ma colere ?
Je connoy ta feintise et ta ruse ordinaire.

Φ.

Puissé-je donc mourir si j’aime autre que vous !

D.

Les sermens amoureux ne font moindre l’offance.

Φ.

Qui peut donc appaiser vostre injuste courroux ?

D.

Le desir esperé d’une pronte vengeance.

Φ.

Moderez cette fureur,
Il n’y a si grande erreur
Qu’une forte amour n’oublie.

D.

Mais il n’est amour si fort
Quand souvent on luy fait tort,
Qui ne se change en furie.
Grande amour en grand’ haine est souvent convertie.

Φ.

Les courroux des vrais amans