Page:Œuvres de Philippe Desportes (éd. 1858).djvu/459

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Voy ce sang d’un martyr qui te requiert vengeance,
Et puny justement d’une ingrate l’offance ;
Ingrate, outrecuidée, et qui n’estime pas
Que tu voyes du ciel les choses d’icy-bas.
Fay, Pere, qu’elle porte une peine cruelle,
Pour avoir fait mourir un amant si fidelle ;
Ou, si tu ne le fais, à bon droit les humains
Diront qu’en vain tu tiens le tonnerre en tes mains,
Que tu n’as point de soin de ce monde où nous sommes,
Et que c’est pour neant que te craignent les hommes. »
Ainsi prioit la nymphe, et le maistre des dieux
Trois fois en se courbant tonna dedans les cieux,
Et d’un esclair subtil fit scintiller la nuë,
Signe que la priere au ciel estoit venuë.


_____________