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ROLAND FURIEUX


PAR


PHILIPPE DESPORTES


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AU ROY CHARLES IX


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Je veux chanter Roland, ses fureurs et sa rage,
Je veux chanter d’Amour la tempeste et l’orage,
La colere indontée et le forcenement
Qui troublerent l’esprit d’un miserable amant,
Delaissé sans raison d’Angelique la belle,
Déplorable loyer d’une amour si fidelle.
Charles, roy magnanime issu du sang des dieux,
Je chante en m’essayant ces regrets furieux,
Attendant qu’une fois plus hardiment j’entonne
Les combats achevez pour sauver ta couronne,
Quand le discord mutin, par la France allumé,
Rendoit contre l’enfant le pere envenimé.
Tandis[1], d’œil favorable et de royal courage
Reçois ce que j’appens aux pieds de ton image ;
Et si tu pris jamais plaisir à mes écrits,
Enten de quelle ardeur cet amant fut épris.
Le grand dieu des amours, dieu de telle puissance
Qu’encor il n’a trouvé qui luy fist resistance,
Un jour blessa Roland, le redouté guerrier,
Le vaillant palladin, le brave avanturier ;

  1. En attendant.