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Sur les myrthes ombreux comme oiseaux voletans,
Et tous deux à l’envy tes louanges chantans.
Aux esprits bien-heureux nous les ferons entendre,
Qui, ravis, nous suivront afin de les apprendre,
Et serons comme dieux en la troupe estimez,
Au nom d’un si grand roy qui nous a tant aimez.
Reste, prince, invaincu ; que ton ame s’appaise,
Afin que sa douleur ne trouble point nostre aise ;
Obeys sans murmure au vouloir du haut Dieu,
Et de ma foible voix oy ce dernier adieu.
Adieu, chers compagnons dont la foy m’est connuë !
Si le pouvoir me faut, l’Amour me continuë ;
Aimez-moy donc tousjours, et veuillez retenir,
De Lycidas et moy l’éternel souvenir ;
Et pour doux appareil de vostre ame blessée,
Ayez incessamment nos noms en la pensée.
Or adieu, Cleophon, adieu, mortel sejour !
La mort m’oste à ce coup la parole et le jour.
Ainsi mourut Damon, l’ornement de son âge,
Un Narcisse en beaux traits, un Mars en grand courage ;
Le ciel, qui pour sa gloire accomply l’avoit fait,
S’il ne l’eust retiré, demeuroit imparfait.






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