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EN FAVEUR DE CLEONICE


SONNET


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Cette Françoise grecque aux beaux cheveux chatains,
Dont les yeux sont pareils à Vesper la brunette,
Cette belle, sçavante et celeste Heliette,
De ce siecle l’honneur, tient mon cœur en ses mains.

Ma raison est malade et mes yeux sont mal sains,
Quand je voy sa beauté, dont la clarté parfaite
Sert de flèches et d’arc, de forge et de retraite,
À ce dieu qui commande au plaisir des humains,

Je me pasme si fort lors que je la regarde,
Qu’il me semble qu’Amour coup dessus coup me darde
Tous ses traits et ses feux, qu’au cœur je sens couler.

Si je n’ay dignement sa louange éclaircie,
La faute n’est de moy, mais de l’ame transie :
Un homme qui languit ne sçauroit bien parler.

P. de Ronsard[1].


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  1. Ronsard est trop connu pour qu’il soit besoin de renseigner le lecteur à son égard. Voyez sa biographie par Colletet, dans ses Œuvres inédites publiées chez Aubry, et les espèces de Mémoires qu’il a rimés lui-même.