Page:Œuvres de Philippe Desportes (éd. 1858).djvu/272

Cette page a été validée par deux contributeurs.





CLEONICE


DERNIERES AMOURS DE PH. DESPORTES


______



I


Qu’il souffre incessamment, qu’il brûle et soit de glace,
Qu’il seme aux cours des eaux sa peine et son esmoy,
Qu’un bel œil soit son dieu, son monarque et sa loy,
Et qu’en le bien servant des rigueurs il pourchasse ;
Qu’il ait l’ame hautaine, et qu’une belle audace
L’affranchisse du peuple et le retire à soy,
Que par ses longs travaux, son merite et sa foy,
Il s’eleve un renom que le tans ne defface ;
Que son heur des jaloux soit tousjours empesché,
Que le flux de ses pleurs ne puisse estre estanché,
Qu’il trouve à ses desseins la fortune opposée,
Et que du seul tombeau soit son mal limité !
Ainsi chantoit Clothon, sa quenoüille au costé,
Commençant de mes jours la maudite fusée.


II


J’ay dit à mon desir : Pense à te bien guider,
Rien trop bas, ou trop haut, ne te face distraire.
Il ne m’écouta point, mais jeune et volontaire,
Par un nouveau sentier se voulut hazarder.
Je vey le ciel sur luy mille orages darder,
Je le vey traverser de flamme ardante et claire,