Page:Œuvres de Philippe Desportes (éd. 1858).djvu/207

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LES

AMOURS D’HIPPOLYTE


 

I



Icare est cheut icy, le jeune audacieux,
Qui pour voler au ciel eut assez de courage :
Icy tomba son corps degarny de plumage,
Laissant tous braves cœurs de sa cheute envieux.

Ô bien-heureux travail d’un esprit glorieux,
Qui tire un si grand gain d’un si petit dommage !
Ô bien-heureux malheur plein de tant d’avantage,
Qu’il rende le vaincu des ans victorieux !

Un chemin si nouveau n’estonna sa jeunesse,
Le pouvoir lui faillit, mais non la hardiesse :
Il eut pour le brûler des astres le plus beau ;

Il mourut poursuivant une haute advanture ;
Le ciel fut son desir, la mer sa sepulture :
Est-il plus beau dessein ou plus riche tombeau[1] ?

II



Quand je pouvoy me plaindre en l’amoureux tourment,
Donnant air à la flamme en ma poitrine enclose,

  1. Imité d’un sonnet de Sannazar qui commence par ce vers :
    Icaro cadde qui, queste onde il sanno, etc.