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La gloire te feit voir les choses inconnuës,
Le flambeau de l’Amour fut suivy de ton los,
Et ton esprit poussa tant de beaux vers esclos,
Que leurs ailes ont pu s’avoisiner des nuës.

La nuict chasse le jour, le jour chasse la nuict ;
Par contraires effets toute chose se suit ;
Mille morts en amour te donnent mille vies,
Et la mort, pour tribut du labeur de nos ans,
Fait mourir par tes vers tous les vers de ce tans,
Et le tans sur tes vers fait naistre mille envies.

Biard[1].





SUR


LES AMOURS DE PH. DESPORTES


SONNET


________


Qu’eusses-tu fait, Amour ? ta flamme estoit esteinte,
Ton arc, vaincu du tans, s’en alloit tout usé,
Et ton doré carquois, de fleches espuisé,
Nous faisoit desormais moins de mal que de crainte.

Si l’on monstroit d’aimer, ce n’estoit que par feinte,
Pour tromper seulement quelque esprit peu rusé ;
Car tu n’avois un trait qui ne fut tout brisé,
Ny cordage qui put rendre une ame contrainte.

Par ces vers, seulement tu as repris naissance ;
Ils t’ont armé de traits, d’attraits et de puissance,
Et te font derechef triompher des vainqueurs.

Et d’autant plus, Amour, surpassent-ils ta gloire,
Que tu n’acquiers sans eux une seule victoire,
Et qu’ils peuvent sans toy captiver mille cœurs.

M. D. L.


ET FLORIDA PUNGUNT.


  1. Poëte de circonstance.