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SONNET


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Place, place à ces vers, ces courriers de la gloire
Du plus beau, du plus clair de tous ces grands espris,
Qui sont de Calliope heureusement appris,
Pour sacrer ses honneurs au temple de memoire.

C’est luy qui, jeune d’ans, remporta la victoire
De tous ceux dont la France adore les escrits,
Et qui, si jeune d’ans, a cet œuvre entrepris,
Que, quand l’esprit y pense, il a peine à le croire.

Ouvrage inimitable, eternel, glorieux,
Qui, dédaignant la terre, est volé dans les cieux,
Pour, avec le soleil, combatre de lumiere.

Mais qui voudroit chanter combien il est parfait,
Le tans et le loisir faudroient à la matiere :
C’est assez le vanter que Desportes l’ait fait.

Fr. Chovayne[1].





À MONSIEUR DESPORTES


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Toy qui, pour t’affranchir de l’ombre du tombeau,
Suivis les pas d’Amour, guidé de son flambeau,
Donnant jour à tes jours et lustre à ta memoire,
Encor d’un roide vol n’irois-tu dans les cieux,
Si la Muse, asseurant ton audace et tes yeux,
N’attachoit à ton dos les ailes de la gloire.

Amour, en t’esclairant, les tenebres chassa,
Et la Muse ton ame à l’Olympe addressa ;

  1. Poëte de circonstance sur lequel on ne trouve aucun renseignement.