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PARACELSE

la bouche, se trouve la chaleur de la digestion et non de la complexion[1], ni des Éléments, ni des humeurs, mais de la seule digestion. La chaleur de la digestion est une force toute différente. Car l’office de l’autre chaleur est plus puissant et plus grand. C’est pourquoi tout ce que nous ingérons dans la bouche n’entre pas moins en digestion que si c’était dans le ventricule. Il est possible, à la bouche, de manger et de garder ceci en elle, sans que rien n’en soit absorbé dans le ventricule[2], hormis ce qui digère dans la bouche. Car, manger par l’estomac[3] donne un aliment grossier ; manger par la bouche donne un aliment noble. Ceux qui mangent avec la bouche[4] n’évacuent pas (non cacant, ), mais seulement ceux qui mangent par l’estomac ; les autres urinent (mingunt, )[5]. C’est pourquoi, beaucoup, parmi les saints, se sustentèrent,quoique cependant les hommes aient cru qu’ils ne mangeaient rien, parce qu’ils ne rendaient pas d’excréments ; et ainsi cependant la bouche seule suffit à nourrir le corps. Ainsi, la bouche digère donc par cette puissance propre, et sépare l’excrément naturel ; et c’est parce qu’il adhère où il passe qu’on ne le trouve pas ; il s’agglutine aux dents. Car les autres

  1. Forberger omet ce terme.
  2. Magen. Palthenius traduit ici : in stomachum.
  3. Im Magen essen, c’est-à-dire sans mâcher, autrement dit sans digestion buccale. Forberger a traduit absurdement : in ventriculo digerere.
  4. C’est-à-dire qui mâchent bien.
  5. La version de Palthenius a un peu amplifié ces phrases. Le texte de 1566 et la version de Forberger ont supprimé la dernière.