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LIBER PARAMIRUM

De la maladie que l’on appelle
Danse de Saint Guy
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Singulière est l’origine de cette maladie ; ceux qui l’ont rapportée diffèrent quelque peu ; cependant elle a pris naissance ainsi.

La femme Troffea ( Troffea) est la première qui ait souffert de cette maladie, laquelle avait pris une humeur singulière, et était venue à un tel orgueil, et était si opiniâtre () contre son

  1. Die Veitz Tantz. Palthenius traduit : chorea lasciva, sive chorea viti, sive mentaphora. La véritable danse de Saint-Guy, que l’on a confondue, dans les temps modernes, avec la chorée, doit être, paraît-il, séparée de celle-ci. La danse de Saint-Guy fit sa première apparition en juillet 1374, dans quelques villes de la Meuse et du Rhin, où un certain nombre d’individus se mirent à s’agiter et à danser d’une manière qui tenait à la fois de la possession et de la névrose. Peut-être le pèlerinage dansant de Saint-Willibrod d’Echternach doit-il être rattaché à cette origine. Cette danse pathologique prit, on ne sait guère pourquoi, le nom de Saint-Vitus. Les Bollandistes comptent six ou sept saints de ce nom, mais ce fut probablement celui qui fut un des martyrs de la persécution de Dioclétien, et qui avait des chapelles à Drefelhausen, près d’Ulm, en Souabe, ainsi qu’à Zabern et à Rottestem. On l’appela Guy, en France, Veit ou Wit, en Allemagne. Il faut remarquer la similitude de ce nom avec le terme gui, qui signifiait le parasite sacré du chêne, et en même temps le wy, l’union et la fécondation. Si l’on en croit Vanini, (De admirandis naturæ arcanis, Dial. CVII), saint Vitus était invoqué également à Bari, dans l’Apulia, non plus pour l’épilepsie, mais pour la morsure des chiens enragés. Il suffisait d’entrer dans son sanctuaire pour être immédiatement guéri. Quant à l’histoire de Troffea, nous n’en avons trouvé nulle trace ailleurs que dans Paracelse.