Page:Œuvres de Paracelse, trad. Grillot de Givry, tome II, 1914.djvu/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
191
LIBER PARAMIRUM

leur lieu propre. Sachez, par ceci, que c’est une erreur lorsque les auteurs proposent si souvent d’abord le traitement canonique[1] parce qu’ils soutiennent que toutes les maladies naissent canoniquement. C’est ainsi que l’on suit d’abord le traitement canonique, sur lequel leur erreur a été édifiée. Ensuite, si le traitement canonique n’a pas réussi, on suit le Trésor des Pauvres[2] ainsi que les autres livres de peu de

  1. C’est-à-dire d’après les Canons d’Avicenne, ouvrage célèbre au moyen-âge, traduit de l’arabe en latin dans l’édition de Padoue, 1476, et réimprimé séparément à Venise en 1483.
  2. Ce titre doit désigner un livre de médecine populaire en vogue à l’époque de Paracelse. Nous ne connaissons sous ce nom que l’ouvrage : Summa experimentorum sive thesaurus pauperum Magistri Petri Yspani. Antwerpie, per me Theodoricum Martini, Anno Domini 1476 (que l’on prétend être 149%), in-fo. La Bibliothèque Nationale de Paris en possède un magnifique exemplaire sous la cote Te 1722, qui se trouve exposé dans la galerie Mazarine. C’est un compendium sans aucune doctrine, mais qui, contenant les remèdes les plus usuels contre les maladies courantes, devait être fort précieux pour les praticiens ayant peu étudié.

    Cet ouvrage a eu plusieurs éditions italiennes sous le nom de Tesoro de’ Poveri, da Pietro Spano : Florence s. d. 8o, Venise 1494, 4o s. l. 1500, etc., et une édition espagnole de Alcala, 1595. Son auteur, Petrus Hispanus, ne serait autre, d’après Desportes-Boscheron (Biographie Universelle de Michaud), que le célèbre Pape Jean XXII ; mais les inexactitudes de cet auteur nous font préférer l’opinion du Dr August Hirsch (Biographisches Lexikon, der Hervorragenden Aertze aller Zeiter und Völker von C. Gurlt, Wien, 1886), qui croit qu’il s’agit plutôt de Jean XXI, élu pape en 1276. Il fut augmenté, dès le xiiie siècle, d’additions et de corrections par Pierre de Tusciano et par le fameux Bernard de Gourdon, auteur du Lilium Medicinæ. Il ne faut pas confondre ce Thesaurus Pauperum avec un livre d’Albert le Grand, du même nom, qui traite exclusivement d’Alchimie.