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PARACELSE

preuve n’est en eux ni en vous, ni en moi. Celle-ci consiste dans la Philosophie, dans le fondement de la Lumière de la Nature. C’est par celle-ci qu’il convient de prouver toutes choses, et non par les bavards et les tapageurs, comme on les appelle, qui placent la base et le fondement des choses dans leur tête extravagante, d’où il résulte que tous ceux qui entendent leur voix sont trompés.

Que parlons-nous de la matrice[1] puisqu’elle est invisible, et puisque personne ne voit sa première matière[2] ? Car qui est-ce qui peut voir ce qui a été avant soi ? Nous venons tous de la matrice ; cependant personne ne l’a jamais vue. Car elle a été avant que l’homme fût. Et, bien que l’homme sorte (prodeat, auÿ fompt) d’eile et naisse ensuite, cependant personne ne l’a aperçue (conspexit, ). Le monde, lui-même, a été formé de la matrice, ainsi que l’homme lui-même, et ainsi de suite pour tout ce qui est Créature ; de même tout provient de la matrice. Il est donc important que nous décrivions ce qu’est la matrice. La matrice est ce d’où l’homme croît () et existe. Or, il est nécessaire ici que tout ce qui est ici dans les quatre Eléments soit invisible. Car, de même que le monde est la matrice de toutes choses qui doivent naître, de même aussi la matrice dans le corps doit être considérée comme ayant la même anatomie. Avant que le ciel et la terre

  1. L’édition de 1566 dit : von der natur, que Dorn a rendu : De natura quid. Le texte de Huser dit : von der Matrice.
  2. L’édition de 1566 dit : Matrix. La phrase s’établirait donc ainsi : Comment pouvons-nous parler de la nature puisqu’elle est invisible et que personne ne voit sa première matrice ?