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De la Matrice[1]


Malgré tout ce que j’ai dit jusqu'ici touchant les maladies qui affligent l’homme, cependant je n’ai pas encore tout rapporté. Car si nous avons égard au fondement de la médecine, alors une autre Philosophie et Astronomie théoriques se manifestent dans l’homme, outre celles énoncées plus haut. Celles-ci appartiennent à la matrice, et concernent

  1. Au début de ce livre si curieux, si personnellement observé de Paracelse, il n’est pas inutile de mettre en parallèle une opinion singulière des Anciens touchant la Matrice. Suivant Arétée de Cappadoce (De Causis et signis acutorum morborum, Lib II, Cap. XI), la Matrice est un viscère féminin, ayant complètement la nature d’un animal ; c’est un animal dans l’animal. Elle est de nature errante et instable, se délectant des odeurs suaves, et fuyant les odeurs nauséabondes. Lorsque cet animal tendait à descendre, on le faisait remonter (Lib. VI. Cap. X) en donnant à respirer à la femme des parfums agréables qui attiraient la matrice en haut, puis on présentait aux parties inférieures des odeurs infectes qui obligeaient la matrice à fuir en remontant. Les bizarreries de ce genre avaient encore libre cours au moyen-âge et l’on peut mesurer combien la théorie de Paracelse, inspirée peut-être de ces données légendaires, apparaît plus élevée, basée sur la théorie du Macrocosme et du Microcosme que les rabbins kabbalistes propageaient à l’époque de Reuchlin.