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PARACELSE

par exception : Gerardo Dornio interprete. Elle n’est, en effet, que la réimpression de l’édition de 1569. Cette traduction est écrite dans le même style que celles de Forberger ; même concision exagérée, même pédantisme insupportable, même procédé de paraphrase équivoque, à telles enseignes que mous nous demandons si Dorn et Forberger n’ont pas simplement donné leur signature, tandis que le travail de traduction aura été accompli pécuniairement par quelque scribe obscur qui n’a pas laissé de nom.

Cette constatation nous conduit à une conclusion qui n’est pas sans importance : La version latine des Opera Omnia, donnée en 1603, est attribuée à la collaboration de Palthenius et de Gerard Dorn. C’est ainsi que l’on interprète ces paroles de Bitiskius : de sensu ab interprete in Latina versione pluribus locis corrupto, tam ob non intellectum à Belga (Gerard Dorn) germanicum idioma quàm non assecutam intentionem à viro Juris potius quàm chymicæ artis perito (Palthenius) ; et notre éminent confrère Karl Sudhoff ne contredit pas cette assertion.

Pourtant, si l’on considère bien la version de 1603, donnée par Palthenius, dont le style suit pas à pas le texte allemand d’une façon servile, comme un glossaire continu, et si on le compare à celui de la version de 1569 du traité de la Matrice, on se demande quelle part de collaboration peut avoir eue Gérard Dorn dans l’édition de 1603 ?

Pourquoi, d’ailleurs, Gérard Dorn, auteur de plusieurs traductions d’ouvrages de Paracelse, n’’aurait-il pas apporté ces versions à la collaboration de Palthenius ? Or la version de Palthenius retraduit de façon toute différente les ouvrages déjà traduits par Dorn. Bien plus, Palthenius suit pas à pas le texte allemand de Huser, sans s’inquiéter des éditions allemandes, ni des versions parues précédemment. En maint endroit il erre, là où Gérard Dorn avait traduit correctement. Celui-ci, s’il avait collaboré à l’édition de 1603, n’eût pas manqué de relever les inexactitudes de Palthenius.

Il est donc presque certain que Gérard Dorn n’est pour rien, comme nous l’avons cru jusqu’ici, dans la version latine de 1603 ; Bitiskius qui n’en était pas à une erreur près, et dont la fourberie est manifeste, a attribué sans discernement aucun, une part imaginaire de collaboration à Gérard Dorn, dans ce grand travail.