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PARACELSE

templer et voir autrement que les yeux des paysans. Pour ceci il est donc nécessaire que la lumière de la nature les illumine. Donc, par la vertu de l’anatomie qui a été basée (fundata, ) sur la lumière de la nature, il est juste et équitable que les maladies soient aussi dénommées suivant la lumière, plutôt que selon les ténèbres ; c’est-à-dire, par exemple, que l’anatomie du cèdre donnera les maladies cédriques. Car ainsi, chaque maladie sera nommée intelligemment et rigoureusement suivant l’art. C’est par erreur et contre toute raison que la fièvre est appelée fièvre. Car ce nom de fièvre vient de fervor, chaleur (). Or, la chaleur est seulement le signe de cette maladie, et non la matière ni la cause. Or, le nom doit procéder de la matière, de la propriété et de la nature de cette substance même. C’est ainsi que l’ortie (urtica, ) est vraiment l’ortie parce qu’elle brûle (urit) ; mais plus véritablement encore le sel d’urine. Car ils ont une seule et même anatomie. C’est pourquoi le nom de la fièvre est tel, qu’il sent la sottise de celui qui l’a trouvé. Car c’est la maladie du nitre de soufre embrasé (morbus nitri sulfuris incensi). D’où il agite le corps ; d’où il lui fait éprouver des frissons ; d’où il provoque des intermittences[1]. Tu trouveras ceci ainsi que les autres noms, dans les chapitres spéciaux. De même le nom de l’Apoplexie donne la mesure de la sapience de celui qui l’a nommée ; puisqu’elle ne devait pas être appelée Apoplexie, suivant la droite raison médicale, mais bien Mercure cachymial sublimé. Car telle est sa matière, puisque c’est la ma-

  1. Texte allemand et première version latine : Intervallum, deuxième version : Intervalla.